Lyrics:

Jean-Michel Apathie : Bonjour, Michel Barnier.

Michel Barnier : Bonjour, Jean-Michel Apathie.

Vous avez décidé hier de modifier la distribution des aides directes reçues par les agriculteurs. Mmoins d'argent, 4 milliards d'euros pour les céréaliers, donc plus d'argent, pratiquement 1 millard d'euros pour les éleveurs. Pourquoi avez vous décidé cette réorientation, Michel Barnier ?

Pour être exact, la réorientation ne porte pas seulement sur des aides qui sont prélevées au secteur des céréales. Il y a un prélèvement général avec plusieurs outils. Je ne rentre pas dans la boite à outils du bilan de santé de la PAC . Et tout le monde participe à cet effort de solidarité, d'équilibre, et les céréaliers, les producteurs de grandes cultures en effet plus que les autres.

Pourquoi ?

Parce que, d'abord ils reçoivent plus d'aide que les autres. Et puis parce que le contexte économique, le contexte des prix est durablement orienté vers la hausse ou vers des prix plus fermes. Ce qui n'est pas le cas pour l'élevage. Et quand vous êtes ministre, il faut faire deux choses. Je crois être juste, prendre des mesures équitables et puis il faut aussi penser à l'avenir. Vous savez j'ai en tête une phrase de Pierre Mendes-France pour lequel j'ai toujours eu beaucoup de respect. Il disait : 'Il ne faut jamais sacrifier l'avenir au présent', et l'avenir pour les agriculteurs, y compris pour les céréaliers, c'est 'est ce qu'on aura encore une politique agricole commune après 2013' . Et moi je veux qu'on en ait une qui les intéresse tous, eux aussi.

Alors, Virginie Garin qui est au salon de l'agriculture pour RTL a recueilli la réaction de Philippe Pintad, représentant des céréaliers à la FNSEA , il est assez dur avec vous. 'Le ministre a voulu faire un coup politique. Le problème, c'est qu'il a oublié qu'il y avait des hommes et des femmes derrière. Ca, je trouve ça inadmissible de la part d'un ministre et irresponsable', dit-il. 'Irresponsable !''

Non, je n'ai pas voulu faire de coup, Philippe Pintat fait semblant d'être surpris. Ca fait deux ans que je dis précisément les orientations qui sont les miennes ..

Il fait semblant d'être en colère aussi ?

Comment ?

Il fait semblant d'être en colère aussi ? C'est pour ses troupes ?

Je ne sais pas. Chacun prend ses responsabilités. J'ai pris les miennes et je les assume. Moi je pense aux hommes et aux femmes en permanence qui sont derrière les crises, qui sont derrière ce travail très difficile d'agriculteurs, des gens qui se lèvent tôt et qui gagnent mal leur vie et qui rendent un service incroyable à la société pour préserver notre modèle alimentaire, pour préserver notre modèle territorial. Et quand on parle d'hommes et de femmes, par exemple, j'ai en mémoire un couple d'éleveurs de moutons que j'ai rencontré du coté de Limoges, et quand ils m'ont fait le bilan sur leur ferme, sur leur mur de ferme, de ce qu'ils gagnent et de ce qu'ils dépensent , il restait 4000 euros par an. Moins de 400 euros par mois. Moi, je pense...

Et bien, peut être que monsieur Pintat lui est en colère, peut-être que vous aurez un nouveau front à gérer.

Il a tort d'être en colère, parce que j'ai essayé de faire des mesures justes. Je pense très souvent au secteur des céréales, des grandes cultures. D'ailleurs, il n'y a pas que de grands céréaliers, permettez moi de vous le dire, il y a beaucoup d'entreprises mixtes de petites exploitations où on fait des céréales pour en même temps avoir des bêtes et de l'élevage... Donc on va essayer des trouver les moyens de redistribuer. Il faudra aussi que ce secteur assume une certaine solidarité en son sein.. Je soutiens le secteur des céréales, par exemple, pour dans une certaine proportion, pour produire des agro-carburants, je le soutiens sur un grand nombre de sujets, je souhaite simplement qu'il comprenne que son intérêt c'est pas que l'élevage disparaisse. Les éleveurs sont les clients des céréaliers... Et j'ai donc essayé de faire des mesures justes, des mesures équitables et de donner des chances à cette politique agricole commune qui doit continuer après 2013 et qui doit continuer à intéresser les agriculteurs, y compris les céréaliers.

Nicolas Sarkozy a visité le Salon de l'Agriculture samedi.Une visite au pas de charge, sans beaucoup de démonstration d'affection. Le courant ne passe pas entre le président et les paysans ?

Moi, j'étais à ses côtés, je n'ai pas trouvé ce que vous dites. J'ai entendu des milliers de gens l'accueillir très chaleureusement...

C'est vrai, vous avez raison... Et dans les dépêches, on dit que c'étaient des militants de l'UMP...

Non, ce n'est pas vrai...

... amenés par car par la fédération de Paris de l'UMP !

Pourquoi voudriez vous empêcher un salon de l'agriculture d'être militant de l'UMP ?

En même temps, ils étaient là par hasard ?

Il étaient là... Il étaient là, il y avait sans doute plein d'autres gens qui n'étaient pas sans doute pas UMP qui ont accueilli le chef de l'état chaleureusement, j'étais à ses côtés pendant ces deux heures là, et puis je veux dire que l'avant veille, il avait fait un très grand discours au cœur d'une province agricole dans le Maine-et-Loire, et il avait tenu pendant un grand moment, à rappeler son attachement à l'agriculture. Ca aussi, c'est nouveau !

Alors ni le Président samedi, ni le Premier ministre hier n'ont rendu visite au stand de la Guadeloupe. Pourquoi Michel Barnier ?

En tous cas, moi ministre de l'Agriculture, je rendrais visite aux stands de la Guadeloupe et de la Martinique et de la Guyane et de la Réunion.

Vous rendrez, ou vous avez rendu ?

Non, mais je suis là moi, en permanence au Salon pendant dix jours, jour et nuit , et donc naturellement les départements d'Outre-Mer, que je connais bien, dans lesquels il y a d'ailleurs beaucoup de choses à faire, et compris en matière d'agriculture pour réduire leur dépendance. Vous savez, par exemple Jean-Michel Apathie, qu'en Guadeloupe, on importe plus de 90% des poulets, plus de 55% de la viande de bœuf ? Donc je vais, j'ai lancé au mois de décembre un soutien aux filières locales, y compris de produits tropicaux, les fruits et légumes qui ont d'ailleurs des valeurs nutritives et même en terme de pharmacopée de beaucoup de qualité.

Je ne le savais pas, Michel Barnier. Mais savez vous que vous n'avez pas répondu à ma question ? Pourquoi le premier ministre et le président de la république n'ont pas rendu visite au stand de la Guadeloupe ?

Mais il n'y a pas de signal derrière cela. Il y a simplement un programme qui est organisé...

La peur peut-être ?

Mais non... Y'a pas de peur. Franchement si j'entendais tout à l'heure que le président intervient sur beaucoup de sujets, c'est son rôle, il dirige l'Etat. C'est lui qui a organisé cette table ronde à l'Elysée avec les élus de l'Outre-Mer, en espérant d'ailleurs que les fils du dialogue vont être repris. Car il faut savoir sortir d'une grève, en Guadeloupe comme ailleurs. Non, il n'y a pas de peur. Il avait simplement un programme du chef de l'Etat et du Premier ministre. En tous cas, moi je rendrais visite aux élus et aux agriculteurs et aux pêcheurs d'Outre-Mer.

Mais la Guadeloupe n'était pas sur leur programme, c'est comme ça...Vous êtes candidat Michel Barnier aux élections européennes du 7 juin prochain. Vous menerez la liste UMP dans la circonscription de l'Ile-de-France. Quand quitterez vous le gouvernement, Michel Barnier ?

Au début du mois de mai.

Avec Rachida Dati qui est votre numéro 2 ? Elle le fera en même temps que vous ?

C'est une autre question parce que je suis tête de liste, et j'anime comme l'a souhaité mon parti, et comme l'a souhaité le chef de l'Etat, j'anime la campagne de l'UMP dans l'ensemble du pays, et donc j'ai fait le choix, personne ne m'y oblige, d'être totalement disponible plusieurs semaines avant.

Et pas Rachida Dati ?

Je pense que c'est plus logique pour les autres candidats qui n'ont pas le même rôle dans cette campagne, et notamment Rachida, avec laquelle je travaille beaucoup, et tous les jours de quitter le gouvernement quand elle sera élue. C'est assez logique, c'est comme ça que ça se fait d'habitude.

Uniquement quand elle sera élue ? Donc c'est une information. Avez vous lu le livre que deux journalistes, Michael Darmon et Yves de Rey viennent de consacrer à la ministre de la Justice, qui est donc, votre co-listière, Michel Barnier ?

Non je n'ai pas lu ce livre.

Pas de curiosité ?

Non, c'est une question de temps. Parce qu'en ce moment avec la PAC...

Vous n'avez pas assez de temps ?

Le grand plan, on pourrait en parler, que je viens de lancer pour le nouvel modèle agricole, avec le secteur de la pêche, j'ai consacré mon temps à mon métier de ministre de l'agriculture et de la pêche.

Si vous êtes élu au Parlement européen, Michel Barnier, ce qui est probable, effectuerez vous votre mandat jusqu'au bout. Il doit durer cinq ans.

Ce qui est clair, c'est que j'ai fait le choix pour ces 5 années là de m'engager dans les questions européennes.

Mais c'est pas la question

Mais c'est ma réponse.

D'accord. Rama Yade en position non éligible sur votre liste. C'est une rumeur, c'est vrai, c'est faux ?

Ecoutez, je ne sais pas comment sera constituée l'ensemble de l'équipe que je vais l'honneur d'animer, les désignations seront faites à la fin du mois de mars. Pourquoi pas, en tous cas, je sais, elle me l'a dit qu'elle était prête à m'aider, et j'en suis très heureux, car c'est une femme de qualité comme Rachida Dati.

Michel Barnier, qui a dit beaucoup de choses ce matin et on commentera ce 'pourquoi pas' ? C'était donc sur RTL. Bonne journée.