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François Hollande : Bonjour, Jean-Michel Apathie

L'actuel conflit en Guadeloupe vous paraît-il être la répétition générale de ce que nous pourrions connaître en Métropole ?

Non il ne le faut pas d'ailleurs. Moi je ne suis pas pour qu'il y ait des crises, des conflits, notamment dans une période difficile pour les Français. C'est pourquoi je suis sévère sur la manière avec laquelle le gouvernement, le Président de la République, ont pris cette revendication sociale venant de Guadeloupe. Justement avec la peur qu'elle puisse se généraliser et le refus de la traiter pour ce qu'elle était ; c'est-à-dire une demande contre la vie chère qui appelait des solutions rapides ; que de temps perdu, le risque pris , que de conflits inutiles...

... Des propositions faites, 581 millions proposés la semaine dernière ; il faudrait donc que ce conflit s'arrête...

Il faudrait que la négociation, puisque elle a été reprise après avoir été interrompue avec la palinodie qu'a été le départ de monsieur Jégo, parce que justement cette revendication n'était pas acceptée par le Premier Ministre et par le Président de la République ; Oui il faut que la négociation qui est maintenant reprise puisse aboutir et le plus vite possible. Et moi je pense que c'est d'abord par rapport aux Guadeloupéens et aux antillais et plus largement aux ultra marins qu'il faut que cette négociation se termine. Pour ce qui concerne la Métropole, il y a d'autres ouvertures de négociations qui vont être proposées. Il y a des insatisfactions qui sont nombreuses mais n'essayons pas de mêler les sujets.

En tout cas vous n'êtes pas d'accord avec Ségolène Royal qui disait hier que la situation en Guadeloupe lui faisait penser à ce qui précédait la Révolution française.

C'est autre chose

Votre analyse n'est pas la même ?

Dire que en Guadeloupe si la satisfaction n'est pas donnée à une revendication contre la vie chère ; il y a un risque, on l'a vu quand même après le pourrissement de violences ; le président de la région Guadeloupe a parlé de 'sédition' ; Ségolène Royal 'de risques d'explosion'. Oui, il y a ces risques là si la violence se diffuse et elle est là puisqu'il y a eu quand même mort d'homme et il y a eu hier l'enterrement de ce syndicaliste. Nous sommes dans un moment particulièrement grave. Quand les moments sont exceptionnels, il faut les traiter de manière exceptionnelle et rien ne serait pire que la stratégie qui a été choisie par le Président de la république c'est le pourrissement.

Ségolène Royal était-elle à sa place justement aux obsèques du syndicaliste assassiné par balles. L'UMP parle de récupération politicienne.

Ceux qui n'étaient pas à leur place, ce sont ceux qui en Guadeloupe ont le pouvoir d'agir; c'est à dire en l'occurrence le gouvernement.

Vous regrettez l'absence d'un membre du gouvernement à cet enterrement ?

Ecoutez franchement il y aurait eu la mort d'un syndicaliste en Métropole, vous pensez qu'il y aurait eu l'absence totale de tout représentant du gouvernement ; moi je mets en cause, là effectivement, une indifférence et c'est cette indifférence qui est regardée comme un mépris.

Donc vous condamnez l'indifférence du gouvernement vis-à-vis de la Guadeloupe et je reprends ma question : la présence de Segolène Royal notamment ?

La présence de Segolène Royale, elle en a donné les raisons... Elle a dit qu'elle avait été invitée par le maire de Pointe-à-Pitre... Elle est très liée à la Guadeloupe... Ecoutez, je ne pense pas que c'est la présence de Segolène..

Pas de récupération politicienne ?

... C'est l'absence et l'indifférence du pouvoir.

La crise accélère le rapprochement entre la Caisse d'Epargne et les Banques Populaires français.. La presse indique aujourd'hui, c'est une information qui n'est pas encore confirmée, que François Perol, le secrétaire général de l'Elysée pourrait prendre la tete, il est donc secrétaire général adjoint de l'Elysée, je l'ai dit, il pourrait prendre la tête de ce groupe bancaire et qui serait le deuxième en France... Certains disent que ça les choque. Vous ça vous choquerait ?

D'abord, l'information n'est pas confirmée...

Non

.. Et c'est précisément pourquoi votre question est tout à fait importante..

.. Ah merci, c'est gentil...

... Puisque nous pouvons éviter une erreur...

Qui ? Vous et moi ?

Si nous sommes entendus... J'espère que nous le sommes.

Enfin si vous, vous êtes entendu...

En effet, si monsieur Pérol, secrétaire adjoint de l'Elysée était nommé président de ce nouveau groupe bancaire, le deuxième de France, ça poserait deux problèmes. Un problème que chacun peut comprendre déontologiquement, et moral.. Celui là même qui est entrain de régler cette affaire de fusion, y compris avec l'intervention des deniers publics, puisqu'il s'agit de 6,5 milliards d'euros qui seraient investis par l'Etat dans ce nouvel ensemble. Si celui qui traite le dossier, en était, si je puis dire le bénéficiaire, en terme de direction de l'entreprise, ce serait un problème déontologique, d'ailleurs qui relève des contentieux qui pourraient éventuellement être ouverts.

Et deuxièmement, un problème politique : je veux bien croire que Nicolas Sarkozy veut être président de tout, il est de la France puisqu'il a été élu. Mais pour autant, il n'est pas encore président des établissements bancaires de notre pays. Et nommer son principal collaborateur, si cette décision était confirmée, et bien relèverait de cette volonté que l'on constate tous les jours de Nicolas Sarkozy qui veut décider de tout y compris de ce qui ne relève pas de ses attributions.

Sur les contentieux que vous avez évoqués, le parti socialiste pourrait.. vous souhaiteriez que le parti socialiste prenne des initiatives.

C'est pas au Parti socialiste de faire ce type de contentieux, mais vous savez qu'il y a quand même des actionnaires dans notre pays, et notamment dans le groupe Banque Populaire, et la Caisse d'Epargne qui était jusqu'à présent un groupe mutualiste.

Un autre débat important va nous agiter dans les semaines qui viennent : le gouvernement pourrait engager sa responsabilité fin mars à l'Assemblée nationale, à l'occasion du débat sur la réintégration de la France dans le commandement intégré de l'OTAN. Sur ce question précise Francois Hollande, c'est simple, voteriez vous ou refuseriez vous la confiance au gouvernement ?

Je refuserai la confiance au gouvernement parce que je refuserai l'entrée de la France dans le commandement militaire intégré de l'Otan...

Rien ne doit changer de ce point de vue.

Ca ne veut pas dire qu'il ne faut pas renégocier l'Alliance. Je pense mémé que l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, doit revoir l'ensemble de ses principes, et même ses modes d'intervention. Mais qu'est ce que nous gagnerions en influence supplémentaire en allant jusqu'au bout de l'intégration militaire. Je ne vois pas le progrès, en revanche je vois ce que nous perdrions en terme d'autonomie et d'indépendance. Quand dans une décision vous avez plus à perdre qu'à gagner, je ne vois pas au delà des principes qui peuvent nous guider, ce qui pourrait justifier cette réintégration.

On a lu Francois Hollande que vous alliez quitter la tête du Parti socialiste pour entrer dans la liste des candidats à l'élection présidentielle de 2012. Vrai ou faux ?

On dit beaucoup de choses... Moi j'étais...

Vrai ou faux ?

Moi j'ai quitté la tête du Parti socialiste parce qu'après onze ans j'estimais que j'avais fait ce que je devais faire à la tête de cette grande organisation, qui est ma famille politique. Je souhaite qu'elle se rassemble. Après, il y a une élection en 2012, je crois que je ne vous apprends rien

Donc c'est faux ?

.... Et chacun doit se préparer pour cette échéance, pour faire en sorte que nous la gagnons cette fois-ci.

Houla ! Chacun doit se préparer. Ca va susciter des commentaires ça...

Mais ça ne suscitera pas plus de commentaires que l'évidence. Ecoutez franchement, on en a raté deux choses qu'on n'aurait peut être pas du rater...

Donc vous avez envie d'être candidat ?

Mais ce n'est pas mettre les personnes en cause ni mettre sa personne en place, c'est tout simplement s'organiser collectivement pour réussir cette fois-ci.

Il parait que vous ne vous parlez plus avec Martine Aubry, c'est vrai ?

Je parle avec Martine Aubry, avec tous les dirigeants socialistes, parce que moi, je n'ai qu'un seul souci, et je vois qu'on m'a entendu, c'est l'unité de la famille socialiste. Je vois que le rassemblement se prépare, et j'en suis très heureux.

Francois Hollande - pour 2012 on verra, c'est trop tôt encore - était l'invité de RTL ce matin. Bonne journée.