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Song:Christiane Taubira, la députée (PRG, apparentée socialiste) de Guyane
Album:RTL : L'Invité de RTLGenres: 
Year:2009 Length:475 sec

Lyrics:

Christiane Taubira : Bonjour.

Hier soir, vous étiez donc à l'Elysée avec les autres élus d'Outre-Mer, avant de parler des annonces de Nicolas Sarkozy. Que vous a dit le Président ? A-t-il reconnu son manque de réactivité ? S'en est-il excusé ?

Non, pas du tout ; et nous, en tant qu'élus, nous n'attendions pas particulièrement des excuses du Président de la République, ça a été une carence évidente, manifeste et incontestable. Par conséquent, il en porte la responsabilité. Ce qui était important pour nous, c'est que puisqu'enfin il est sorti du bois, il prête une oreille attentive à ce que nous avions à lui dire.

Donc, vous ne lui en voulez pas de s'être exprimé un mois après le début de la grève en Guadeloupe ?

J'évite d'avoir une relation subjective au comportement du Président de la République. Je suis extrêmement critique sur le plan politique. Je suis extrêmement exigeante sur sa responsabilité. Je suis extrêmement sévère sur les fautes qu'il commet et les silences qu'il nous impose, comme c'était le cas pour ce qui arrive, notamment, en Guadeloupe. Alors, il n'a pas été le seul silencieux ; la ministre de l'Intérieur des Collectivités locales et de l'Outre-Mer, nous avons même oublié le son de sa voix. Donc, le Pouvoir a été en vacance pendant tout ce temps-là, pendant une période difficile, pendant que dans l'ensemble de l'Outre-Mer, tous les citoyens d'une certaine façon appelaient 'au secours' non pas en gémissant, mais en se battant, en exigeant des droits et surtout l'application de droits qui avaient été arrachés par des combats de plusieurs générations. Donc, le Président de la République a manqué à tout dans la circonstance ; et l'important, hier, ce n'était pas qu'il nous dise qu'il en était désolé, c'était qu'enfin le pouvoir revienne.

Nicolas Sarkozy a annoncé un effort de 580 millions d'euros dont 280 millions au titre du RSA - le Revenu de Solidarité Active. Le gouvernement espère aussi convaincre les patrons de donner une prime de 200 euros sur 2 ans aux bas salaires. Ca, ça vous va ? C'était une des revendications ?

Alors, c'était une des revendications, notamment du LKP parce que les plateformes de revendications sont sensiblement différentes quoique ! la partie lutte contre la vie chère, amélioration du pouvoir d'achat, soient communes à tous les Outre-Mer. Mais ces 200 euros sur les bas salaires, c'était spécifiquement une revendication du LKP. Le LKP ne demandait pas ça. Le LKP demandait une amélioration des bas salaires, une augmentation de 200 euros sur les bas salaires. Ce que propose le gouvernement est sensiblement différent : c'est la possibilité pour les patrons qui accepteraient d'augmenter par une prime limitée, plafonnée à 1.500 euros par an, donc voilà : une exonération patronale et salariale.

C'est ça. Mais est-ce que vous pensez que les patrons vont jouer le jeu ?

Les patrons ont bien montré dans les Outre-Mer qu'il savaient parfaitement qu'ils étaient dans des territoires d'exception, qu'ils étaient dans des territoires où leurs activités étaient protégées, et s'ils n'étaient pas protégées, en détournaient le regard. Les patrons le savent, c'est bien pour ça qu'ils ont cette attitude dans le conflit, c'est-à-dire qu'ils ont quitté la table de négociations assez rapidement. Ils n'ont pas fait d'efforts pour faire des offres. Ils ne font pas de propositions particulières. Donc, les patrons se croient toujours dans un régime d'impunité.

Il appartiendra au Président de la République de donner poids à sa parole, c'est-à-dire de faire en sorte que les patrons fassent un geste parce qu'on est dans un vrai conflit social qui est devenu un conflit sociétal, d'une part ; et d'autre part, parce que nous savons que dans le milieu des affaires, il y a des pratiques contestables, illégales, frauduleuses et que nous savons surtout, que l'Etat sait.

Dans un reportage, tout à l'heure, de l'un de nos envoyés spéciaux, Olivier Geay, il est dit qu'il y a quand même 90% de petites entreprises et les patrons se disent : on fera plutôt du cas par cas, parce qu'on ne va pas arriver à 200 euros.

Alors, ce qu'il faut savoir c'est qu'en Guadeloupe notamment, les petites entreprises pour la plupart qui ont constaté, d'une part, qu'elles étaient essentiellement constituées de petits patrons guadeloupéens et que les politiques du patronat, que ce soit le Medef, ou que ce soit la Chambre consulaire, la Chambre de commerce et d'industrie, étaient des politiques qui n'étaient pas spécialement orientées vers l'accompagnement des petites entreprises qui constituaient effectivement 80% du tissu économique. Donc, il faut savoir qu'il y a une dynamique intéressante qui s'est développé pendant ce conflit puisque ces petits patrons ont pris les distances. Ils se sont reconstitués eux-mêmes, ils ont eu des séances de travail, et pour la plupart, ils ont considéré que cette revendication de 200 euros était tout à fait fondée. Ils ont dit, pour la plupart, que pour le principe, ils en étaient d'accord, qu'évidemment, ils n'étaient pas en situation de répondre, quoique certains aient dit que ayant fait leurs comptes, ayant très peu d'employés, ils étaient en mesure d'y répondre.

Christiane Taubira, est-ce que vous appelez là ce matin à la fin de la grève ?

Moi je n'ai pas à appeler à la fin de la grève parce que ce n'est pas moi qui ai lancé le début de la grève.

Non mais maintenant, il y a des choses !

Moi, j'estime que le LKP... Non, il n'y a pas des choses qui répondent à ce qui a été demandé. Maintenant, c'est la responsabilité de LKP de dire que malgré le fait que ça ne réponde à leurs demandes précisément, la situation générale, les efforts, ce qui doit venir après, l'attente de la population les autorisent à ! Voilà. Mais moi, je ne vois pas pourquoi j'appellerai à la fin de la grève parce que le Président de la République a bien dit qu'il mettrait un terme, en tout cas qu'il allait regarder de près ; mais on n'a pas encore vu le retour de l'Etat de droit.

Vous êtes déçue ? Très déçue ?

C'est quand même une condition minimale.

L'Etat de droit. Qu'est-ce que vous appelez l'Etat de droit ?

L'Etat de droit ? Eh bien, le respect déjà des lois de la République, ce qui n'est quand même pas le cas dans tous les milieux d'affaires, c'est le fonctionnement normal des institutions sur place, c'est le respect des libertés individuelles et des libertés publiques et notamment la liberté de manifester. C'est quand même tout ça l'Etat de droit. Et tout ça est en suspens.

Le Président de la République a aussi appelé à la remise à plat des prix des carburants et des prix de la grande distribution. Ca, c'était quelque chose que vous réclamez. C'est pas de nature à vous rassurer un peu ?

Ecoutez, nous avons réclamé ça. Les élus guyanais, nous sommes venus à Paris avec une étude qui prouvait qu'il y avait des pratiques au moins suspectes...

Suspectes de la part de qui ? C'est qui ? Les fournisseurs d'essence ?

De la part du fournisseur unique... Du fournisseur unique en situation de monopole...

La SARA, c'est ça ?

La SARA, et même la société de transport : la SOCATRA parce que ce sont exactement les mêmes actionnaires et ces pratiques d'élaboration du prix, pratiques opaques, reconnues d'ailleurs - y compris par la mission d'inspection de l'Etat - ces pratiques-là, nous les avions signalées dès le mois d'octobre, et elles sont couvertes par l'Etat dans la mesure où il y a un prix administré. Donc enfin, quand même quatre mois après une alerte par des élus de Guyane, enfin l'Etat commence à dire : nous allons regarder de près, nous allons envoyer l'autorité de la concurrence.

Ce n'est pas suffisant pour vous ?

Eh bien, l'autorité de la concurrence devrait faire son travail, d'abord, tous les jours pour commencer. Ensuite, quand on signale des pratiques délictueuses, on n'envoie pas l'autorité de la concurrence regarder par le trou de la serrure : comment ça se passe ? On saisit la Justice.

Voilà. Mais vous attendiez quoi ? Que Nicolas Sarkozy dise : j'ai intenté une action en Justice ?

Eh bien, c'est le moins que l'Etat puisse faire dans la mesure où l'Etat couvre ces pratiques par le système de prix administrés, c'est-à-dire que l'Etat valide - dans l'ignorance, sans doute - mais l'Etat a validé ces pratiques pendant des années.
- Alors, ou bien l'Etat est complice et il continue à couvrir les pratiques de la SARA.
- Ou bien l'Etat a été abusé et à ce moment-là, il saisit la Justice.

C'est, selon vous, ce qui pousse à ce que vous appelez 'la fracture raciale', l'apartheid social ?

Ce n'est pas ce qui pousse à ça. Elle vient d'où la fracture raciale, en y mettant des guillemets ? Elle vient du fait que ces sociétés, de façon plus manifeste en Guadeloupe et en Martinique qu'en Guyane, par exemple, elle vient simplement du fait qu'en sortant du système esclavagiste - ça fait un siècle et demi, ça ne fait pas quatre siècles - en sortant du système esclavagiste, les pouvoirs ont été consolidés, c'est-à-dire que les colons qui disposaient d'immenses propriétés foncières les ont conservées. Ils ont pu accéder à la maitrise du capital financier et ils ont pu continuer à contrôler complètement le milieu des affaires. C'est une réalité. Mais pour les Guadeloupéens, les Martiniquais, les Békés sont des Martiniquais et des Guadeloupéens. La question n 'est pas de la race, la question est des injustices sociales. Et si ça se superpose, ça n'est pas la faute de ceux qui se battent aujourd'hui.

Vous appelez à l'indépendance ?

(silence) Qu'est-ce que ça vient faire dans le sujet ?

Une question.

Voilà la réponse !

Merci, Christine Taubira.




 

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