Il était une fois un pays merveilleux Où tous les habitants étaient des gens heureux Ils avaient découvert qu'avec de simples mots Comme par magie d'un coup tout devenait plus beau Plus de nains pas d'aveugles rien que des non voyants Des gens de petite taille et des malentendants Et sitôt qu'un obèse approchait le quintal On usait d'allusions au surplus pondéral On ne disait plus chômeur le vocable est très laid Mais demandeur d'emploi l'euphémisme plaisait Plus de rouge plus de jaune plus de noir qui font peur On louait en revanche les personnes de couleur Tout l'art de ne pas dire En sachant l'évoquer Escamote le concierge Contourne le handicapé Technicien de surface Mobilité réduite Jamais prononcer Mais toute la chose est dite
Appelez un chat un chat Non mais oh ça va pas Mais vous n'y pensez pas Non mais eh oh n'importe quoi Un chat un chat (Bah bah bah bah bah)
Comment nommer alors le garçon constipé ? Je propose un pudique terminal obstrué Et pour le dégoûtant qui nous largue une caisse Je voulâs suggérer concessionnaire de vesse Si le doigt du docteur le limite au rectal Sa moustache l'anobli en poilu sub-nasal Des mots tout en tabou Soucieux du contentieux Tournent tout autour du pot Sur la pointe des œufs
Appelez un chat un chat Bah bah bah bah Non mais oh ça va pas Mais vous n'y pensez pas Non mais eh oh n'importe quoi Un chat un chat (Bah bah bah bah bah)
Non mais eh oh n'importe quoi Un chat un chat (Bah bah bah bah bah) Mais vous n'y pensez pas
Appelez un chat un chat dès lors nous le savons Stigmatise le félin il n'en est pas question Pour aller droit au but et sans salamalecs Soyons pour vivre mieux
Polis, polis Politiquement correct
Appelez un chat un chat Bah bah bah bah bah Non mais oh ça va pas Mais vous n'y pensez pas Non mais eh oh n'importe quoi Un chat un chat Mais vous n'y pensez pas