C'est moi l'aveugle du Pont-au-Change J'ai tout paumé dans ma sale vie Ah j'eus beau faire appel aux anges J'eus beau gueulé c'était fini Oui j'ai gueulé comme un tordu Oui j'ai gueulé j'peux bien vous le dire J'vous ai maudit comme un damné J'ai tout renié dans mon délire C'est moi que j'suis l'aveugle du Pont-au-Change C'est qu'moi qui fais du bruit dans le couloir du métro Oh c'est pas qu'ça m'amuse de jouer dans ce caveau Mais j'suis là pour secouer les blasés du métro Et je m'en vais te les toucher clac où qu'ils s'attendent pas trop Quelque part sur la gauche où y'a comme un grelot Qu'on retrouve encore parfois quand il reste un sanglot Un petit coup de valse ou de java C'est plus tellement ce qui réconforte Y'a trop chialer sur ces airs-là À ranger dans les natures mortes Mais quand j'suis seul pour pas un rond J'me joue Bruant c'est ça qu'emporte Rue St-Vincent que j'ai vu dans le temps Du temps que ma vue n'était pas morte Faut dire que j'suis aidé par ce sacré tuyau Ma musique elle grelotte et d'écho en écho Elle va te les chatouiller jusqu'au creux des boyaux Et puis parfois je sens bien y'en a un qui s'arrête Et il revient sur ses pas c'est qu'ça lui paraît chouette Et pour moi ces trucs-là c'est un peu une grande fête Et ça se met à tourner, à tourner dans ma tête C'est moi l'aveugle du Pont-au-Change J'ai tout paumé dans ma sale vie Ah j'eus beau faire appel aux anges J'eus beau gueulé c'était fini Mais je me suis pris par les deux mains J'ai pardonné quoi faut bien vivre Je me suis blotti dans mon petit coin Et je n'attends plus qu'on me délivre