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Songs | Albums | Album Arts
Lyricist: NOEL
Lyrics:
Un jour, n´ayant pas mon rasoir, Chez un coiffeur je dus m´asseoir. Un jeune commis bien aimable M´offrit un fauteuil confortable. Me voyant, le patron, tout bas, Lui dit : Attention, Nicolas, Vous n´êtes plus un débutant. Voilà votre second client. Tâchez un peu d´ vous rattraper. Faites attention, je vous surveille. Tâchez de n´ pas encore couper Une oreille.
J´avais pâli légèrement Voyant déjà, c´était charmant, Un petit bout de ma binette Valser gaiement dans la cuvette. Maintenant, l´apprenti merlan Me regardait l´air pantelant. Son affreux rasoir en avant, Il semblait dire en m´observant : Les gens n´ seraient rien à contourner, D´ici à là, j´ passe et j´ te r´passe. Seulement, voilà, il y a l´ bon dieu d´ nez Qui dépasse
Quand il m´eut blanchi le menton De la mousse de son savon, Il gagna l´arrière-boutique, Tout pâle, tout énigmatique. Il revint, au bout d´un moment, Dissimulant des pansements, Un flacon d´iode et du coton. Ah! Charmant pour les précautions, Des riens pareils, ça vous rassure! Instinctivement, l´âme inquiète, Je cherchais un peu l´ panier d´ sciure Pour ma tête.
Mon pourvoi a été rejeté; Le rasoir fut alors porté, D´une main vraiment pas très sûre, Sur la pâleur de ma figure. Il tenait ça comme un bâton, Comme un cierge ou un mirliton. Bon Dieu, qui lui avait appris À raser, à cet ahuri? Il procédait par moulinets : Et zou et zou, pour la moustache, Un peu comme s´il fauchait les prés Pour les vaches.
Chaque coup qui me rabotait, Je croyais bien que ça y était. Et, j´avoue, ma peur fut complète Quand il me renversa la tête. Il allait frotter son outil Contre ma gorge, sapristi! C´est alors que, l´air engageant, Il eut ces mots encourageants : Le patron m´ surveille, je l´ sens bien; Il va m´ foutre à la porte si j´ loupe. Soyez gentil, hein, mine de rien Si j´ vous coupe.
Zut, continua-t-il à mi-voix, Aie donc, v´là que j´ me coupe le doigt. Puis, il ajouta ces mots vagues : J´ vais bien finir par faire des blagues. La lame, approchant de mon cou, Une idée me vint tout à coup. Vous, vous avez rasé tout ceci, La moustache, bon, bien, merci. Ça suffit, je viens d´ décider, C´est p´t-être pas la mode, mais j´ m´en fiche. Ça f´ra plus coquet, j´ vais garder La barbiche.
Je payai, sans perdre de temps, Tout étonné, mais bien content, De me tirer de l´aventure Sans une seule égratignure. Depuis, chez moi le plus souvent, Je me rase, tout comme avant, Mais dès que je tiens dans mes doigts Mon rasoir, je ne sais pourquoi, Je repense à l´autre Iroquois Je me revois là, sous sa coupe. Ça m´impressionne et chaque fois Je me coupe.
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