Si j'avais un frère au Vietnam Je lui parlerais de la France Je lui dirais que j'ai la chance De rencontrer de jolies femmes
Je lui écrirais ce qu'elles lisent Et j'inventerais des prénoms Qui lui feraient de grosses bises Sur une carte du Panthéon
Je lui dirais ce qu'elles me disent Quand on a fini de s'aimer Et je raconterais des bêtises Sur ma façon de les quitter
Je lui écrirais que je l'aime Je parlerais au féminin Pour que ses copains et lui-même Puissent encore croire en quelqu'un
Je lui dirais que ceux qui l'aiment Parlent de lui de temps en temps Mais qu'ils l'embrasseront quand même Quand il reviendra au printemps
Je lui raconterais ma peine Elle m'a quitté le mois dernier Et si je l'entends rire quand même C'est qu'il sera en bonne santé Si j'avais un frère au Vietnam Je le crierai pas dans la rue Je lui parlerais de sa femme La guerre n'est qu'un mal-entendu