Ta dernière note vibre encore Et le matin jaunit Change encore de décor Ton sax désossé Au rancart de la mort Pousse un dernier soleil Vers le sang du dehors A force de chercher Une vie essentielle A force de souffler Les bougies du réel A force de tourner Les cartes du possible Le printemps a givré Ta musique invisible Où joues-tu maintenant? Dans quel nuage rauque Envoies-tu tes chorus Un peu rauque, un peu doux Dans quelle cave lointaine Parleras-tu d'amour Jusqu'au levé du jour
Je n'y crois pas encore C'est une fugue un rien T'es parti comme on sort Tu vas téléphoner avec ta voix qui traîne Demander des nouvelles Des petits du poème Qu'on écrivait ensemble Dans nos nuits électriques Tu es parti tout seul Tu as coulé à pic Et dans ta veine bleue Cette aiguille glacée Fait fleurir du dollar Chez des dealers planqués Je vais gueuler plus fort Je vais gueuler encore Que je hais ce bourrin Ce plastique et ce fer Ce voyage truqué Ce remède de misère Qui s'en va vers la mort
Papillons bleus et noirs Découpés au couteau Tournant dans les miroirs Dévorant les photos Et mitant ma mémoire Emportée par le vent Glacé du désespoir Je te fais ce cadeau A l'écriture fragile Sur cette musique triste Et belle du Brésil Avec la voix cassée Dérisoire inutile Qui ne réchauffe plus Ton cœur entre tes cils T'es parti une fois de trop C'est difficile Et tout sera classé Au fond d'un fait divers On dit que c'est fini Que c'est déjà hier Et on sort prendre l'air