C'était un jour d'été comme on en fait beaucoup Entre mer et garrigue au début du mois d'août Un air de chanson dans la tête Et puis l'envie de voir si la mer était bonne : Je roulais par hasard entre Nîmes et Narbonne Je me suis arrêté à Sète
Poussé par les voitures ou porté par les vents Dans cette cité-là, que l'on passe en suivant N'importe quel itinéraire A peine a-t-on le temps de quitter les faubourgs - C'est là le résumé de la vie le plus court - On se retrouve au cimetière
Le calme anonymat qui réside en ce lieu Est celui que l'on voit chez les morts de banlieue : On chercherait l'extravagance Aussi libre qu'on ait vécu, décidément On est toujours guetté par un alignement Sauf de discrètes différences
C'est un pin parasol qui n'aura pas éclos Tant viennent les amis piétiner cet enclos J'ai peu d'espoir qu'il ne grandisse Ils continueront donc de rôtir au zénith Mais de tous leurs bouquets posés sur le granit Pas un ne m'a semblé factice
Au milieu d'un essaim de touristes en chaleur J'ai vu s'épanouir une petite fleur Qui semblait marcher comme on danse Avec deux seins de soie déguisés par un voile Et l'ombre de ta croix n'a pas bougé d'un poil Je me demande à quoi tu penses
A quoi tu penses donc, laquelle as-tu choisie Des ruses que les hommes ont trouvées jusqu'ici Pour rendre la mort moins cruelle ? Survie de l'âme ou fin de tout, quoi qu'il en soit C'est pas beau de mourir pour demeurer de bois Aux larmes d'une demoiselle
Comme elle avait vingt ans et qu'elle était jolie La laisser s'en aller n'eût pas été poli : Les chagrins sont durs à cet âge On avait une sorte d'ami en commun C'était mieux qu'un début, je lui ai pris la main Nous voilà partis pour la plage
Entre le bris des vagues, le son des soupirs Les sardanes funky qu'on entendait glapir En modulation de fréquence Et les cris des enfants qui s'ébattaient dans l'eau Quelque maître nageur sifflait un pédalo Voguant vers l'horizon, vacances !