À mon enterrement, j'aurai des cheveux blancs Des dingues et des Pop aux sabots de guitare Des cheveux pleins de fleurs des champs dedans leurs yeux Hennissant des chansons de nuit quand y en a marre J'aurai des mômes de passe, ceux que j'ai pas finis Des filles de douze ans qui gonflent sous l'outrage Des Chinoises des Russes des Nordiques remplies Des rues décapitées par des girls de passage
À mon enterrement
Et je ferai l'amour avec le croque-mort Avec sa tête d'ange et ses dix-huit automnes Douze pour la vertu et six mourant au port Quand son navire mouillera comme un aumône À mon enterrement, j'aurai un cœur de fer Et me suivrai tout seul sur le dernier bitume Lâchant mon ombre enfin pour me mettre en enfer Dans le dernier taxi tapinant dans la brume
À mon enterrement
Comme un pendu tout sec perforé de corbeaux À mon enterrement, je gueulerai quand même J'aurai l'ordinateur facile avec les mots Des cartes perforées me perforant le thème Je mettrai en chanson la tristesse du vent Quand il vient s'affaler sur la gueule des pierres La nausée de la mer quand revient le jusant Et qu'il faut de nouveau descendre et puis se taire
À mon enterrement
À mon enterrement, je ne veux que des morts Des rossignols sans voix des chagrins littéraires Des peintres sans couleurs des acteurs sans décor Des silences sans bruits des soleils sans lumière Je veux du noir partout à me crever les yeux Et n'avoir jamais plus qu'une idée de voyance Sous l'œil indifférent du regard le plus creux Dans la dernière métaphore de l'offense