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Lyrics:
Notre nouveau polar commence en pleine montagne, sur un sommet enneigé. Un homme blessé, une crevasse et une boîte remplie de pierres précieuses, tels sont les ingrédients de cette histoire qui débute bien étrangement. Un exercice de compréhension vous sera proposé par Fanny à la fin de ce deuxième épisode. Tentation glaciaire, de Nicolas Gerrier. Le lieutenant Marc Dupraz écoute Marion Delpreux avec attention. Ils sont installés dans une petite pièce des locaux du peloton de gendarmerie de haute-montagne, au 69 route de la Mollard, à Chamonix. « Julien et moi venions d’atteindre la Jonction. C’est le point de rencontre entre le glacier des Bossons et celui de Taconnaz, à 2 589 mètres d’altitude. Vous connaissez ? – Je suis Chamoniard, sourit Marc. – Ha d’accord… J’admirais la vue avec mes jumelles quand j’ai aperçu deux hommes qui se disputaient sur le glacier des Bossons. – Vous pourriez les décrire ? – Pas dans le détail, je ne vois jamais bien dans des jumelles. Des nappes de brouillard gênaient aussi la vue. » Marion revit la scène : les cris que l’écho des montagnes renvoyait déformés, les deux silhouettes qui apparaissaient et disparaissaient. Puis l’un des hommes à terre et le piolet que brandissait le second. « On a crié en espérant que cela ferait peur à l’agresseur. Julien a décidé d’aller sur place. – C’est courageux de votre part. Beaucoup n’auraient rien fait. Mais pourquoi aviez-vous des crampons et des piolets ? Pour la rando de la Jonction, ce n’est pas vraiment nécessaire. – Julien prendrait un canot de sauvetage pour faire du pédalo… Nous avons mis une demi-heure environ pour arriver à l’endroit. On a découvert la crevasse et le blessé, mais le deuxième homme s’était envolé. Julien a sécurisé le blessé puis a appelé les secours. Et ensuite… » Marion se met à pleurer. « J’ai cru qu’il s’était tué ! Désolée, je ne peux pas m’empêcher de pleurer. – C’est normal, c’est le choc. Un autre café ? » Le gendarme se lève et sert deux tasses. Un silence gênant envahit la pièce. Marc Dupraz sent que la jeune femme hésite à ajouter quelque chose. « Rien d’autre ? – Non... Vous connaissez la suite. » Marc Dupraz a perçu la gêne. Il guette une paupière qui bat trop vite, une moue sur les lèvres, un mouvement des épaules… Ce n’est pas de l’intuition. Pas de la science non plus. C’est son truc. Marion se tortille sur sa chaise et ses yeux croisent trop rapidement les siens. Bingo ! Il sent qu’elle ment. Ou, tout du moins, qu’elle ne dit pas tout. « Malabar Princess, ça vous dit quelque chose ? », demande le lieutenant. Revoilà ce nom étrange, pense Marion. Julien n’a pas eu le temps de lui expliquer. « Et Kangchenjunga ?, renchérit-il. – Je ne vous suis pas du tout. » Alors, Marc Dupraz explique : il s’agit du nom de deux avions de la compagnie Air India. Ils se sont crashés en dessous du Mont-Blanc, au même endroit, à dix ans d’intervalle, en 1956 et en 1966. Depuis, le glacier des Bossons rejette continuellement des débris, des objets, des restes de corps. « C’est horrible, réagit Marion. – Des bijoux, parfois. En 2013, par exemple, un alpiniste a retrouvé une boîte contenant pour plus de 200 000 euros de bijoux. Avec la chaleur de ces dernières années, le glacier est généreux en ce moment. Il attire des chasseurs de trésors sans scrupules. Ça ne m’étonnerait pas que le drame d’hier… » Marion sent le regard du lieutenant peser sur elle. « Il y a plus grave, annonce-t-il. Nous avons retrouvé ceci dans les poches de votre mari. » Marc Dupraz ouvre un tiroir et pose sur la table un sachet transparent contenant une petite pierre rouge et un morceau de tissu. Les lettres du mot India sont presque entièrement effacées. « Si on ajoute le sang de l’autre homme sur le piolet de votre mari, j’ai peur des conclusions de cette enquête. » Marion ne peut pas se retenir : « Julien ne ferait pas de mal à une mouche. Il a gratté la glace avec son piolet, c’est tout, il n’a rien fait de mal. Quant à cette pierre, elle… » La porte de la pièce s’ouvre brusquement : « Ah Marc, tu es là, je te cherche partout !, s’exclame le gendarme. – Tu peux pas frapper à la porte et attendre, merde ! Vous disiez Marion ? » L’emploi de son prénom par le gendarme l’étonne. Elle se reprend. Elle a promis à Julien de parler de tout ça avec lui, calmement, avant de décider. « Julien a dû la trouver par terre. Il ne m’a rien dit. Il voulait sans doute la remettre à la police. » Le lieutenant soupire. Il devra attendre pour des aveux. Il se tourne vers son collègue, déçu. « Qu’est-ce que tu veux ? – L’hôpital vient d’appeler, le type de la crevasse est mort. – Mon Dieu, Julien !!!, crie Marion. – Non pas votre mari, madame. J’ai parlé un peu vite… Désolé… Je voulais dire l’autre blessé. » Marc Dupraz lance un regard terrible vers son collègue. Il laisse Marion se remettre de son émotion et conclut : « Le problème, c’est que plus personne ne peut confirmer votre version des faits maintenant… »
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