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En novembre 2001, lors d’un voyage officiel, le vice-président de la République populaire de Chine, Hu Jintao, décide de faire une entorse au protocole. Il rend visite au vignoble de Château Margaux en Médoc. « Mais pourquoi êtes-vous venu ici, monsieur le vice-président ? », lui demande alors Corinne Mentzelopoulos, la propriétaire. « Mais parce que vous êtes tellement célèbre, Madame », lui répond Hu Jintao. Deux ans plus tard, Hu Jintao devenait président. Depuis, pour les touristes chinois, Château Margaux est devenu un passage obligé, et tremper ses lèvres dans un grand millésime du Château est signe d’un avenir radieux. Depuis une quarantaine d’années, les vins du Bordelais connaissent une notoriété, un prestige et une prospérité inimaginables. Boire un grand cru de Bordeaux, c’est, en Chine et ailleurs, communier avec l’art de vivre le plus raffiné, luxueux qui soit. Les prix suivent : il est impossible de trouver une bouteille de Lafite, Margaux et autres grands châteaux à moins de 600 euros en primeur. Les grands crus classés deviennent trop chers pour être bus et deviennent l’enjeu d’investissements financiers. Lorsqu’en 1853, le baron Nathaniel de Rothschild achète aux enchères le Château Brane Mouton dans le Médoc à Pauillac, le vignoble bordelais est déjà en plein essor. Les vins soignés, puissants et élevés dans des fûts de chêne se sont imposés, à prix d’or, dans la bourgeoisie londonienne. Une véritable « fureur de planter » s’empare de la région. Le Médoc, cette terre ingrate située entre l’océan Atlantique et la Garonne, est défrichée, et on découvre ses fantastiques propriétés viticoles. Le pays entier se couvre de châteaux. Aujourd’hui, les grands crus de Bordeaux, avec leurs noms qui évoquent des territoires magiques, sont bien sûr connus et dégustés dans le monde entier : châteaux Margaux, château Latour, château de Fieuzal, Château Cheval Blanc ou encore Château Larcis-Ducasse… Mais ces maisons ancestrales ont décidé, depuis une trentaine d’années, de rafraîchir leur image et de la moderniser en demandant à des architectes de renom de proposer de nouvelles conceptions pour leurs locaux, et particulièrement les chais. Éric de Rothschild, le propriétaire de château Lafite, fait appel au milieu des années 80 à l’architecte espagnol Ricardo Bofill pour rénover ses chais. Celui-ci conçoit une salle octogonale, soutenue par 16 colonnes herculéennes pouvant accueillir jusqu’à 2 200 barriques disposées en cercles concentriques. La force architecturale néoclassique, rigoureuse, presque religieuse du lieu rappelle le panthéon de Rome. D’autres propriétaires tentent l’aventure. Claude Bébéar, le patron de la compagnie d’assurances Axa qui possède le château Pichon-Baron à Pauillac, lance un concours d’architecture en collaboration avec le Centre Pompidou pour la construction de nouveaux chais. Jean de Gastines et Patrick Dillon, qui le remportent, ancrent la construction dans le paysage tout en l’enterrant à moitié pour garder les vues sur le château. Le chai et le château se reflètent dans une grande pièce d’eau, dans une harmonie et une grandeur que rien ne semble pouvoir troubler. D’autres expériences du même type suivront : Jean-Michel Wilmotte, le créateur de la galerie des impressionnistes au musée d’Orsay, oeuvrera au château Pédesclaux ; Norman Foster, le créateur du dôme du Reichstag à Berlin, s’est vu confier l’agrandissement du domaine de Château Margaux. Au sud de Margaux, les propriétaires du château Les Carmes Haut-Brion ont fait appel, quant à eux, au célèbre designer Philippe Starck. À l’est de Margaux, sur la rive droite de la Dordogne, s’étend le vignoble de Saint-Émilion appelé parfois la « colline aux mille châteaux ». Ici, le cépage roi est merlot. Les sols souvent argileux lui conviennent parfaitement. Il donne des vins, souvent de garde, à la fois souples et puissants, fins et subtils. L’un des quatre premiers crus classés A, Château Cheval Blanc, appartient à deux poids lourds des affaires : Albert Frère, le milliardaire belge, et Bernard Arnault, patron de LVMH et première fortune de France. Le nouveau chai, signé par Christian de Portzamparc, l’architecte de l’ambassade de France à Berlin, est souvent considéré comme le plus bel exemple d’architecture moderne dans le vignoble bordelais. Le chai de vieillissement, tout en béton blanc, est ajouré avec d’élégants moucharabiehs de briques roses. Il offre une température et une hygrométrie parfaites au nectar en train de s’affiner. Enfin, Jean Nouvel, à qui l’on doit l’étonnant Institut du monde arabe de Paris, a complètement revisité le chai du château La Dominique en 2014. Le bâtiment, recouvert de plaques de métal rouges qui représentent toutes les nuances du vin, reflète la terre et le ciel. Le résultat est saisissant et s’intègre étonnamment bien dans le paysage. L’attrait touristique, qui surfe sur la vague de l’oenotourisme, est certainement l’une des raisons qui explique la fureur de bâtir actuelle dans les vignobles. Mais le geste architectural va plus loin. Avec leurs nouveaux chais, les propriétaires affirment leur volonté de puissance, d’excellence et leur maîtrise de la technique.
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