L'aube se lève grise et sale sur la sinistre cour pavée J'entends résonner sur les dalles les bidons tristes du laitier C'est toujours quand cinq heures sonnent qu'on réveille les condamnés Les feuilles des arbres frissonnent, il va bien falloir y aller
Aï aï aï, à l'heure où les croissants sont chauds Je n'ai pas l'âme d'un bourreau de travail
A l'idée de l'éxécuter, j'ai le moral en marmelade Si le travail c'est la santé, tous mes copains en sont malades Faites-le mettre à la torture par ceux qui en font leur régal Bien au chaud sous mes couvertures, je ne le toucherai pas d'un poil
Aï aï aï, à l'heure où l'on boit l'apéro J'n'ai toujours pas l'âme d'un bourreau de travail
Si j'dois l'abattre sans pitié avant d'abandonner mon lit J'voudrais bien voir changer la vie dans la nouvelle société J'voudrais voir les flics au boulot, les tenants du grand capital Les PDG, les généraux hoûter aux cadences infernales
Aï aï aï, ce n'est sans doute pas de si tôt Que j'aurai l'âme d'un bourreau de travail.